dimanche 4 janvier 2009

La tri-unicité du cerveau



Voici un petit article de Jacques Languirand concernant une particularité bien spécifique à l'être humain, que l'on ne trouve nul par ailleurs dans la nature, la tri-unité cérébrale ! Effectivement, nous possèdons à l'instar des animaux d'une 3éme couche cérébrale appelée le "Neo Cortex". Les animaux eux ne disposent que des 2 autres cerveaux mammalien et reptilien.

Cette particularité nous allons le voir, induit chez l'être humain un problème d'harmonisation à 3 niveau : Instinctif / Sentimental / Rationnel, certainement à l'origine des exactions violentes et destructrices de l'être humain.

*
* *

Notre cerveau... triunique

J’ai découvert la théorie du cerveau triunique de Paul D. MacLean il y a plusieurs années dans un ouvrage d’Arthur Koestler : Le cheval dans la locomotive. Depuis, je l’ai retrouvée chez plusieurs scientifiques : François Jacob, Carl Sagan, Henri Laborit, etc. Cette théorie révolutionnaire est aujourd’hui largement acceptée : le cerveau humain est constitué de trois fonctions évolutives bien différentes anatomiquement et psychologiquement. Selon MacLean , les trois cerveaux hérités de l’évolution coexistent difficilement sous le crâne humain.

L’homme a d’abord hérité du cerveau reptilien. Parmi les comportements rencontrés chez les reptiles et toujours présents chez l’homme, on trouve tout ce qui implique l’autoconservation, l’établissement et la défense du territoire. Ce qui se traduit en particulier par la volonté de puissance que Nietzsche considérait comme la force de base vitale de l’univers tout entier. Cet ancien cerveau est donc celui des instincts, des impulsions et des compulsions qui en seraient des variantes humaines. MacLean estime que le comportement rituel et hiérarchique, que l’on observe aussi bien dans les sociétés industrielles modernes que dans les sociétés archaïques, a une forte composante reptilienne.


À ce cerveau est venu se greffer, à l’étape où sont apparus les premiers mammaliens, le système limbique, ou cerveau limbique. Le cerveau limbique est le siège d’affects ou d’émotions que l’on pourrait traduire par des mots tels que le désir, la colère, la peur, le chagrin, la joie, la tendresse... MacLean fait cependant remarquer que le système limbique engendre aussi chez l’être humain les certitudes quant aux révélations et aux croyances, qu’elles soient vraies ou fausses, précisant même : " certitudes à composantes affectives puissantes et sans frein ". La foi, par exemple, est de ce niveau de fonctionnement, base de toutes les idéologies.


Enfin, est apparu le néo-cortex et l’esprit rationnel, cerveau spécifiquement humain qui promeut la préservation et la procréation d’idées. Le néo-cortex, en fait, s’est développé en deux étapes : en premier est apparu un fonctionnement analogue au raisonnement froid d’un ordinateur cruel : puis, comme si ce type de fonctionnement n’allait pas permettre d’assurer la survie de l’espèce, est apparu un fonctionnement de type altruiste et le sens de la responsabilité.





Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes n’était que ces trois cerveaux hérités de l’évolution n’ont pas fait l’objet d’une intégration véritable. Ce qui revient à dire que la raison n’exerce pas sans effort sa domination sur les émotions et les instincts. Il arrive même fréquemment que les instincts et les émotions exercent, au contraire, une domination sur la raison. J’ai envie d’ajouter : ah, tout s’explique enfin!


S’agit-il d’une erreur de l’évolution? Erreur qui pourrait nous être fatale. Certains scientifiques ne cachent pas leurs craintes que les humains en viennent à s’autodétruire. La tendance paranoïde qui, selon MacLean, aurait son siège dans le cerveau limbique et le reptilien, serait une manifestation tout à fait typique de la coupure propre à l’espèce entre, d’une part, le limbique et le reptilien et, d’autre part, le néo-cortex. Il décrit l’état mental qui découle de cette coupure comme " une affectivité de peur, d’inquiétude, d’alarme, devenue permanente ". Et il précise plus loin : " La conscience est infectée de cette affectivité parasitaire de façon quasi constante ".

Ou alors, cette absence d’intégration des trois cerveaux représente-t-elle plutôt un défi que l’être humain doit relever, à une étape de son évolution où il lui faut assumer la responsabilité de la cocréation avec la nature, autrement dit de la coévolution du monde et de lui-même? C’est dans ce sens que va la réflexion de MacLean qui estime que l’être humain doit corriger l’absence d’intégration physiologique par une intégration psychologique des fonctionnements de ses cerveaux, en intervenant par l’introspection.

C’est ici, me semble-t-il, la justification scientifique – si vous me passez la formule – de toute démarche de croissance psychospirituelle ayant pour objet la conscience de son propre fonctionnement : de même que de certaines pratiques, en particulier celle de la méditation qui vise précisément à guérir l’esprit. Par l’observation et l’apaisement du mental dont le fonctionnement hiératique m’apparaît désormais comme l’effet de cette absence d’intégration des trois cerveaux, l’(auto)analyse psychologique et la méditation, entre autres, tendent à corriger cette lacune responsable en grande partie du chaos, non seulement dans le monde, mais aussi à l’intérieur de chacun d’entre nous.

Propos de Jacques Languirand ayant fait l'objet d'une chronique parue dans le Guide Ressources, Vol. 06, N° 06, jullet-août 1991

(Source)

Site de Jacques Languirand : http://www.repere.tv/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire